La Défense des côtes bigoudènes en 1753
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- Publication : mercredi 3 mars 2021 10:32
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Emmanuel-Armand de Vignerot du Plessis-Richelieu, duc d'Aiguillon, est nommé commandant en chef de Bretagne en 1753. A ce titre, il rend compte au Ministre de la Guerre de l’état des défenses des côtes bretonnes. Dans cet extrait, en date du mois de mai 1756, il y fait mention de la côte bigoudène, de la baie d’Audierne et de l’île de Sein. Deux ans plus tard, le 11 septembre 1758, il vaincra les Anglais lors de la bataille de St Cast, à proximité de Dinard et de Saint-Malo.
Douarnenez, le 9 May 1756
J’ai l’honneur de vous rendre compte par ma dernière lettre de détail, […] De l’anse du Guilvinec jusqu’à la pointe de Penmark la cote est pleine de roches qui s’étendent jusqu’à une lieue en mer. Il en est de même de la pointe de Penmarck jusqu’à la pointe de la Torche. Il n’y a pointe de roches depuis la Torche jusques à Audierne, mais la mer est si houleuse, la côte si plate et si exposée au vent d’ouest, qu’aucun bâtiment ni chaloupe n’osent en approche d’une lieue au large. Toute cette partie se défend d’elle-même, je n’y ai établi que des corps de garde d’observation aux frais de la Province pour la correspondance des signaux.
Audierne est une petite ville assez commerçante, son port est de marée et l’entrée en est assez difficile. Elle est défendue par deux batteries établies depuis la dernière guerre, auxquelles il ne manque que quelques réparations. Si elles eussent été montées et approvisionnées, on aurait sauvé deux grosses barques qui furent pillées la veille de mon arrivée, sous une de ces batteries, par un petit corsaire qui eut l’audace d’y mouiller.
La côte depuis Audierne jusqu’à la pointe de St They à l’entrée de la baie de Douarnenez est extrèmement élevée et les approches en sont fort dangereuses. Aucun vaisseau n’ose s’arrêter dans cette partie qu’on appelle le passage du Ras et n’y entre qu’avec le vent et la marée favorables. L’ile des Saints en est éloignée de trois lieues. Elle a environ cinq quart de lieues de circonférence, beaucoup plus longue que large, et si peu élevée au-dessus de la mer que quand elle est grosse les habitants sont obligés de se réfugier sur les toits de leurs cabanes.
Ils sont tous pêcheurs et excellents marins mais dans une misère affreuse, n’ayant d’eau que de la pluie et de nourriture que du poisson sec sans pain. Cette île n’est susceptible d’aucune entreprise de la part des corsaires, l’accès n’en étant particable que pour les gens du lieu. D’ailleurs leur extrême pauvreté les met à l’abri d’insulte. Cependant comme on pourrait tenter d’en enlever quelques-uns pour piloter les vaisseaux ennemis, je leur ferai des fusils, et des munitions pour quatre pièces de canons qui y sont depuis la dernière guerre.
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