Poulpe le retour

LogoPoulpePour qui consulte régulièrement les quotidiens régionaux ou s'intéresse de près ou de loin à l'environnement maritime, l'ensemble des eaux bretonnes semble faire face depuis la fin de l'été 2021, à une invasion de poulpes qui inquiète les professionnels de la filiaire pêche en raison de la voracité de l'animal. Le point sur ce dossier avec un résumé d'article paru sur le site de Bretagne Vivante.  

Poulpe2Le poulpe n'aime pas le froid. il avait presque disparu de Bretagne lors de hivers glacials de 1956 et 1962-63. Depuis lors, son retour restait "frileux" sous les criées bretonnes et sporadique sur les estrans. Cependant, les hivers doux de ces dernières années ont permis une bonne survie de juvéniles et ceux-ci, arrivant rapidement à maturité, se sont reproduit massivement en moins d’un an.
La bête a une durée de vie courte de 14 à 18 mois en moyenne et une croissance très rapide, ce qui induit un grand appétit. C’est donc un prédateur gourmand voir vorace, consommant en priorité les crustacés et des mollusques, parmi lesquels on trouve en vrac les crabes, les homards et... coquilles Saint-Jacques. Il chasse de jour, en allant explorer et débusquer des espèces enfouies dans des anfractuosités ; pour ce faire, le poulpe se pose sur un petit massif, un casier de pêche ou un bouquet d’algues et fouille tous les recoins avec le bout de ses bras. C’est sa méthode préférée de chasse et pour forcer le peit crabe à se déplacer pour l’attraper plus facilement si besoin, il utilise son encre pour se masquer, juste le temps de lui sauter dessus dès qu’il va bouger. De plus, le poulpe s’adapte très vite à son environnement et dispose d'un atout énorme dans sa stratégie démographique : chaque femelle peut pondre entre 100 000 et 500 000 œufs de quelques millimètres qu'elle fixe dans son abri, rassemblés en grappes et qu'elle va protéger quelques semaines avant de mourir. En effet, la femelle cesse de se nourrir deux semaines avant la ponte et ne mange plus jusqu’à sa mort, une dizaine de jours après l’éclosion de ses petits.

Poulpe5Dans des conditions normales, les jeunes pieuvres ont des prédateurs : les gros poissons carnivores (requins, roussettes), mais aussi les mammifères marins, dauphins et phoques. Mais le plus gros changement sur ce point est sans aucun doute induit par la surpêche et par l’effondrement de l’abondance des individus de grande taille des espèces prédatrices, qui seules pouvait limiter l’abondance des pieuvres ayant atteint la maturité sexuelle :  Elle n’ont donc aujourd’hui presque plus de prédateurs naturels efficaces. Enfin, les pieuvres commencent à bénéficier du réchauffement des eaux marines actuelles, un avantage qui va se poursuivre dans les années à venir. 

En conclusion, même si l’hiver prochain était froid, et/ou que l’été 2022 montrait un retour à « la normale », tous les signaux sont là pour que la pieuvre devienne ces prochaines années une espèce commune de nos estrans avec des conséquences non négligeables sur les écosystèmes littoraux.

Pour en savoir plus :
L'article complet de Bretagne vivante
Le poulpe commun des récif, un article très complet sur leau.org
Article web sur Géo.fr
Une inquiétante invasion de poulpes (Facebbok)
FR3 - Invasion de poulpes : comment la science explique ce phénomène